Si la gare pouvait parler

Comme dans tous les villages québécois où le chemin de fer est passé, la gare a grandement contribué à la naissance et à la croissance de Laurier-Station. Non seulement le train permettait aux résidents de parcourir de bonnes distances en peu de temps, mais il a également stimulé le développement économique de la région, à la grande satisfaction de tout le comté. On n’a qu’à penser à madame Théophile Daigle venue s’installer à proximité de la station, avec ses fils Alexandre et Daniel, pour y exploiter le magasin général et le moulin à scie. Mais, sans plus attendre, laissons la gare de Laurier raconter son histoire.

Le train, alors le moyen de transport le plus utilisé, transportait autant les marchandises que les passagers qui venaient de toutes les paroisses avoisinantes. Si une personne avait affaire à Québec, c’est à bord du Deschaillons qu’elle devait monter. Le convoi partait de Laurier tous les matins, à sept heures, pour être de retour douze heures plus tard, aux environs de sept heures et demie, le soir même. Si quelqu’un voulait plutôt se rendre à Montréal, c’est à bord de l’Express qu’il lui fallait monter. Ce train s’arrêtait chaque jour, à la même heure, pour prendre des marchandises ou des voyageurs. D’ailleurs, il paraît que, de là, est née l’expression « envoyer ça par express ».

Pas besoin de vous dire qu’il y avait toujours de l’action et du monde à la gare, du beau à part de ça ! Les postillons s’empressaient d’y cueillir leur malle, les commerçants s’y rendaient pour envoyer ou recevoir leurs commandes, alors que d’autres venaient simplement y conduire un proche et le voir partir. Souvent, après la réception d’un mariage, plusieurs accompagnaient les jeunes tourtereaux partant pour le traditionnel voyage de noces. Puis, à l’arrivée des beaux jours, les jeunes gens se rendaient à la gare pour jaser en guettant l’arrivée des belles cousines qui venaient en promenade à la campagne ou le retour des gars de chantier après un long hiver. Même si aucun bar ne servait d’alcool à bord des trains, on raconte que plusieurs manquaient souvent la dernière marche à la descente, provoquant la rigolade parmi les flâneurs.

Quelques personnalités importantes sont aussi descendues à la gare de Laurier. L’histoire se souvient de certains premiers ministres en campagne électorale et, bien sûr, du seigneur Edmond-Gustave Joly de Lotbinière qui y débarquait accompagné de ses fils. Ceux-ci faisaient alors le délice des jeunes demoiselles du temps. D’ailleurs, les mères voyaient toujours d’un bon œil que leur adolescente soit courtisée par un jeune homme venu travailler à la station de Laurier. Plusieurs d’entre eux se sont même établis dans la région après avoir épousé une fille du village.
Bien qu’elle ait assisté à de nombreuses histoires heureuses, la gare a également été témoin d’événements plus tristes. Nombreuses sont celles qui ont versé des larmes en voyant partir leur amoureux qui allait travailler en ville ou dans un camp de bûcherons. Cependant, le moment le plus pénible d’entre tous était sans doute l’arrivée d’un cercueil renfermant la dépouille d’un proche tragiquement décédé au loin. Ces histoires à serrer le cœur faisaient également partie de la vie de cette halte ferroviaire…

Si la gare pouvait parler, que de souvenirs elle raconterait ! Toute l’histoire de Laurier-Station est intimement liée aux trains et à la voie ferrée. Ses habitants leur doivent la naissance et la prospérité de leur village. Donc, même s’ils ne font plus autant partie de la vie des résidents, les trains méritent bien qu’on tolère leur présence malgré les quelques inconvénients qu’ils entraînent sur leur passage.

Source : site Internet de la municipalité de Laurier-Station.

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