Vivre dans Lotbinière
Le paysage actuel de Lotbinière ressemble plutôt à celui qu’on apercevait il y a une cinquantaine d’années. À ce moment, il avait déjà connu plusieurs transformations.
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Par contre, les histoires racontées par les aînés nous montrent un portrait d’une vie bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui, mais tout de même différente de celle qu’avaient connu les premiers arrivants. Comme nous l’avons vu avec l’agriculture, les façons de travailler ont bien changé. Un des facteurs importants vers ce changement a été l’arrivée de l’électricité. Son installation a été un phénomène marquant pour plusieurs résidents.
Partant du fleuve et allant jusqu’aux premières formes des Appalaches, le relief et le climat dans Lotbinière ont affecté pendant longtemps les déplacements sur le territoire. Les nouveaux modes de transport et les nouvelles routes ont permis de faciliter les déplacements pour les affaires et aussi pour les loisirs. Il n’en reste pas moins que les Lotbiniériens ne pratiquaient pas de sport ou ne se rassemblaient pas avant d’avoir des automobiles! Dans les villages près de la côte, d’ailleurs, on fréquentait même les villages du comté de Portneuf, pour étudier ou bien assister à une messe.
Éducation
Pour la plupart, les aînés rencontrés ont fréquenté l’école entre 1925 et 1950 environ. Le système scolaire n’avait pas la même structure qu’aujourd’hui et selon les moyens et les besoins de sa famille, on fréquentait l’école plus ou moins longtemps.
Écoles de rang
Dans les rangs, on comptait suffisamment d’enfants pour tenir une petite école, parfois même deux, d’environ une trentaine d’élèves. Les groupes étaient composés d’enfants de tous les niveaux, de la 1ère à la 7e année. L’enseignante, qui pouvait commencer à enseigner dès 16 ans, y demeurait et accueillait les enfants le matin. M. Guérard, né en 1917, décrit l’école qu’il a fréquentée jusqu’à la 4e année dans un rang de Notre-Dame-du-Sacré-Coeur-d’Issoudun.
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L’école du rang
Marcher au cathéchisme
Une partie importante de l’éducation des enfants était l’éducation catholique. La communion était un événement important pour les enfants. L’une des dernières étapes en vue de la profession de foi était la “marche au cathéchisme”, où “les enfants [devaient] marcher trois à quatre milles, beau temps, mauvais temps pour se rendre à l’église”. M. Rosaire Dion et Mme Thérèse Breton-Dion racontent leurs souvenirs de ces heures de marche pour se rendre à l’église au village, à Saint-Narcisse-de-Beaurivage et à Saint-Bernard.
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Aller au cathéchisme
Collèges et éducation supérieure
Pour plusieurs, l’éducation s’arrêtait assez tôt. Après l’école du rang, les jeunes oeuvraient sur la terre avec leurs parents. Quelques familles plus fortunées ou qui ne vivaientt pas de l’agriculture pouvaient se permettre de se passer de leur main d’oeuvre et de leur payer des études. Le collège d’agriculture de Sainte-Croix, entre autres, était un des établissements offrant des cours plus avancés. M. Tardif, dont le père tenait un magasin général à Saint-Patrice-de-Beaurivage, l’a fréquenté et a poursuivi son éducation au collège commercial de Victoriaville.
Si aujourd’hui les enseignants suivent d’abord des cours à l’université, les institutrices des écoles de rang n’avaient pas à suivre une telle formation. Mme Auclair, qui a enseigné à Val-Alain, souhaitait tout de même obtenir un brevet d’enseignement.
L’éducation supérieure en vidéo
Les études commerciales
Enseigner à l’école de rang
Électrification
L’électricité a été installée d’abord dans les villages, à partir des années 1920.
Pour ce qui est des rangs ou des nouveaux villages comme Val-Alain, certains ont attendu beaucoup plus longtemps, jusque vers 1945. Dans les rangs de Saint-Narcisse-de-Beaurivage, les résidents avaient même installé le système électrique dans leurs maisons avant que les lignes d’électricité arrivent dans leur rang. Les ampoules ont remplacé peu à peu les lampes à l’huile et les conditions de vie se sont nettement améliorées. Les appareils ménagers électriques ont remplacé les fours à bois et les glacières, et la laveuse a aussi fait son apparition. M. Lemay de Lotbinière nous décrit comment la glace était récoltée sur les ruisseaux et sur le fleuve puis conservée pour assurer la conservation de la viande et du lait.
L’électrification en vidéos
L’arrivée de l’électricité
L’époque des glacières
Fréquentations et loisirs
Pour différentes raisons, les loisirs, les affaires ou la messe, les gens se rencontraient et se fréquentaient. Souvent, les gens du village se rencontraient entre eux alors que ceux des rangs se voisinaient.
Ils se voyaient, se fréquentaient, jouaient aux cartes, et passaient les soirées à veiller. Dans certains villages, on entretenait une certaine fierté à être “de la place”. M. Tardif, qui s’est installé à Sainte-Croix avec sa femme, a longtemps été considéré comme un étranger, même après avoir vécu 20 ans à Sainte-Croix. Même s’il habitait au village, il fréquentait aussi les rangs, où il allait jouer aux cartes.
Rassemblement
Certains lieux, comme le magasin général, étaient naturellement des espaces de socialisation.
En plus des services de base du commerce, ils offraient souvent des services complémentaires comme la restauration ou même le téléphone. On y laissait aussi les chevaux, le temps de faire les courses ou de se rendre à la messe. Le magasin Montminy à Saint-Gilles était un lieu important de socialisation au village, mais on y jouait aux allumettes plutôt que de jouer aux cartes.
Plus loin dans l’ancienne seigneurie de Beaurivage, les descendants de colons irlandais entretenaient toujours une appartenance à leur communauté culturelle et célébraient entre autres la fête de Saint-Patrick, le patron des Irlandais.
Un des rassemblements importants pour l’ensemble des habitants de Lotbinière et qui se déroule toujours de nos jours est évidemment l’exposition agricole. Au mois d’août, cet événement rassemblait un grand nombre d’agriculteurs. On en comptait deux: celle de Parkhurst, dans le secteur de la seigneurie de Beaurivage et celle de Lotbinière, dans le secteur de la seigneurie de Lotbinière.
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La socialisation en vidéos
Les rassemblements au magasin
Les Irlandais de Saint-Patrice
L’exposition agricole « Parkhurst »
L’exposition agricole de Lotbinière
Loisirs
Dans le secteur en bordure du fleuve, en été, la baignade au fleuve était une activité appréciée. Au manoir de la famille Joly-de-Lotbinière, la famille seigneuriale profitait également des beaux jours d’été pour se détendre près du fleuve. En hiver, lorsque la glace était bien solide, il ne fallait que peu de temps avant que les premières cabanes apparaissent sur le fleuve. Les amateurs de pêche blanche étaient servis avec le poulamon et autres poissons.
Dans les rangs et dans les villages, on se retrouvait aussi, surtout les jeunes, dans les soirées de danse. Les jeunes filles y retrouvaient leurs cavaliers et s’amusaient en compagnie des musiciens, sous le regard de leur chaperon. M. Guérard et Mme Côté, de Notre-Dame-du-Sacré-Coeur-d’Issoudun se rappellent avoir commencé à danser assez jeunes au son des musiciens de la paroisse.
Les loisirs en vidéos
La baignade
Les veillées de danse
Le transport
Selon l’endroit où on se trouvait dans le territoire de Lotbinière, il pouvait être plus facile de se déplacer par train, par bateau ou par voiture à cheval. En hiver, on devait adapter son moyen de transport aux conditions imposées par la neige ou la glace. Très tôt, les Lotbiniériens ont vu aussi passer des autobus et des autoneige, en hiver, pour se rendre à Québec ou à Lévis. :
« J’étais jeune pis ça marchait […] Les gens le savaient l’heure qui passait, pis ils y étaient. Quand y voyaient venir l’autobus y se dépêchaient pour arriver au coin. D’autres mettaient une chaise au coin. Mais l’autobus y’était pas longtemps arrêté »
La navigation
Les villages de la côte comme Lotbinière, Leclercville, Sainte-Croix et Saint-Antoine-de-Tilly ont entretenu un rapport important au fleuve et même à la rive-nord.
Plusieurs hommes étaient des navigateurs, et certains ont travaillé pour les nombreuses traverses qui parcouraient le fleuve en direction de la rive opposée. Pour certains, il était même plus facile de fréquenter l’école ou l’église de l’autre côté du fleuve, à Grondines ou à Neuville, que de se rendre à pied ou en voiture ailleurs dans Lotbinière.
Les bateaux à vapeur tels que L’étoile ou le Sainte-Croix permettent aux villages du littoral un contact plus facile avec Québec. Les cultivateurs s’y rendent d’ailleurs quotidiennement au marché pour vendre leurs produits. À l’arrivée du temps froid, on retirait les quais de bois pour qu’ils soient réinstallés l’année suivante. “Connaissant l’éloignement de la ville et des villages voisins, et à défaut d’un réseau routier fonctionnel, les Antoniens devaient utiliser le fleuve et les bateaux pour écouler les surplus de leurs récoltes et s’approvisionner en biens de toutes sortes qu’ils ne pouvaient produire eux-mêmes”. (Et du fleuve jusqu’à la fin des terres… p. 276)
La navigation en vidéo
La traverse de Lotbinière
Le chemin de fer
Les lignes de chemin de fer, construites vers la fin du 19e siècle, passaient dans plusieurs villages. On les croisait notamment dans les nouvelles paroisses ouvertes dans les années 1930 dans la réserve forestière du seigneur de Lotbinière près de Val-Alain.
Ce moyen de transport a par ailleurs contribué au développement de ce secteur de la région, avant la construction de l’autoroute. Toute l’année, le service était assuré et permettait le transport à la fois sur des courtes et des plus longues distances. La voie ferrée était plus rapide que les routes parcourues par les voitures à cheval.
À Laurier-Station, c’est d’ailleurs la gare qui a permis à la paroisse de se développer. Dans le secteur de la seigneurie de Beaurivage, on fréquentait surtout la gare de Scott pour voyager, tandis que les marchandises transitaient plutôt par la gare de Saint-Agapit.
Le chemin de fer en vidéos
La gare de Val-Alain
L’importance de la gare
Les routes
« Y’a pas eu de relève. La transcanadienne a changé ça un petit peu là. Les gens pouvaient partir plus facilement, les jeunes. Puis y’avait pas de travail ici dans ce temps-là pour garder ces jeunes-là ici. C’est un peu plus tard que sont venues nos manufactures. »
Marie-Claire Auclair, Val-Alain
Dans l’ensemble, les routes dont parlent les aînés existent toujours aujourd’hui. L’entretien n’était cependant pas organisé par le ministère des transports, surtout à l’époque des voitures à chevaux. En hiver, on roulait la neige pour qu’elle s’affaisse, et par la suite, en fonction des progrès techniques, elle a commencé à être retirée. Plutôt que d’installer des pneus d’hiver sur les voitures à chevaux, on utilisait une voiture sur “sleigh”, qui glissait sur la neige avec des patins.
La nouveauté plus importante a été la construction de l’autoroute 20. Elle s’est faite en deux phases, d’abord une route à une voie dans chaque direction en 1945, puis l’autoroute à quatre voies qui existe toujours depuis 1962. Cette autoroute traverse le village de Val-Alain et sa construction a bouleversé le quotidien de certains résidents. Mme Auclair, entre autres, s’est retrouvée séparée de ses voisins. La construction de l’autoroute a aussi changé le rapport de la région, qui se rapprochait soudainement de Québec et même de Montréal. Les Lotbiniériens se rendaient déjà souvent à Québec par affaire ou pour des visites chez le médecin, mais le transport automobile a rapidement eu raison de petites lignes de train et des autobus qui y faisaient le voyage quotidiennement. Le train “Le petit Deschaillons”, qui faisait la liaison entre Deschaillons-sur-Saint-Laurent et Lévis, a par ailleurs été en opération de 1918 à 1953. (Val-Alain, p. 18)
Les routes en vidéos
L’entretien des routes
Des voitures de saison
La Transcanadienne