S’établir et travailler dans Lotbinière
La colonisation sur les différentes seigneuries s’est faite à un rythme relativement lent, spécialement dans les secteurs qui étaient situées plus en retrait du fleuve, puisque la navigation a longtemps été le principal moyen de transport.
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Le contexte incertain des débuts de la colonie, puis la conquête de la Nouvelle-France par les Anglais ont eu une influence sur le développement de ces seigneuries.
Les habitants ont entre autres été longtemps peu nombreux dans la seigneurie de Lotbinière, située le plus à l’ouest sur le territoire actuel de la MRC.(P. 89, Lévis-Lotbinière) C’est d’ailleurs le mouvement de « retour à la terre » du début du 20e siècle, qui a conduit à l’ouverture de nouvelles paroisses et villages dans l’ouest de la seigneurie de Lotbinière. Val- Alain, Joly, Laurier-Station et Saint-Édouard, entre autres, font partie des paroisses les plus récentes.
Dès 1898, au moment de la mise en service du chemin de fer, le village de la Rivière-Henri prend forme aux abords des chantiers forestiers de la compagnie Finch Pruyn et de son moulin à scie.
En somme, l’occupation du territoire est difficile et la population n’augmente que très lentement.
Au sud de la MRC, dans l’ancienne seigneurie de Beaurivage, c’est surtout l’ouverture des chemins Craig et Gosford qui a permis de développer de nouvelles paroisses vers le milieu du 19e siècle. L’accès aux fiefs dans l’arrière de la seigneurie était désormais plus facile et les colons ont pu s’y installer vers le milieu du 19e siècle. Cette deuxième vague de colonisation était composée non seulement de canadiens français, mais aussi d’immigrants irlandais, écossais, anglais et allemands.
La colonisation en vidéo
Rangs et paroisses : vie agricole
L’activité essentielle des colons étant de cultiver la terre, c’est surtout l’agriculture qui a longtemps été la principale occupation des résidents de Lotbinière.
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De nos jours, c’est près de 98% du territoire de la MRC qui y est réservé. Certaines zones sont cependant constituées de terre humide, les tourbières. Elles sont hostiles à la culture et et c’est surtout l’activité forestière qui est encore pratiquée dans ces secteurs.
Travaux aux champs – Défricher et cultiver
Dans Lotbinière, la terre est finalement être plutôt difficile à cultiver par endroits. Lors de l’ouverture de nouvelles terres pour la culture dans les environs de Val-Alain et Joly vers 1930, plusieurs familles font ce constat. La famille Marcotte, originaire de Saint-Wenceslas, est l’une de celles qui est venue s’installer à Val-Alain, en 1932, dans l’espoir de cultiver la terre et d’en vivre. Les nouveaux arrivants ont dû faire face à deux incendies ravageurs, qui étaient dûs aux “abattis”. En effet, on empilait C’est le cas aussi dans plusieurs parties de Lotbinière, même sur des terres cultivées depuis déjà plusieurs années. Le père de M. Tardif, qui avait un magasin général à Saint-Patrice-de-Beaurivage, a choisi de s’installer sur une ferme à Saint-Antoine-de-Tilly au moment de la Seconde guerre mondiale. Ils ont repris la terre d’un cultivateur, mais chaque printemps, il était nécessaire de “faire de la terre neuve” pour pouvoir lancer la saison de la culture. Il raconte ce dur labeur.
Si on cultivait la terre, c’était d’une part pour nourrir ses animaux. Dans les rangs, les cultivateurs possédaient en général un élevage diversifié de cochons, vaches, poules. Quelques uns se sont spécialisés dans un élevage plus particulier, selon les besoins. La famille de madame Croteau, de Saint-Antoine-de-Tilly s’est concentrée à un certain moment sur la production de lait, puis plus tard, dans un élevage de quelques centaines de poules, que son père vendait à Québec.
Les familles étaient nombreuses, entre autres parce que la participation des enfants aux travaux agricoles était nécessaire. Au moment de se marier, il était préférable qu’ils attendent l’automne, après la fin des récoltes.
Les travaux aux champs en vidéos
Faire de la terre neuve
Le mariage
Vendre ses produits
Les cultivateurs ont longtemps mené leurs animaux à pied, partant même des environs de Saint-Patrice-de-Beaurivage pour se rendre aux quais de Sainte-Croix afin de les embarquer en bateau vers Québec pour l’abattoir.
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D’autres se rendaient eux-mêmes au marché Finley, près du port de Québec, pour vendre leur lait et leur animaux.
Les gares de Saint-Agapit et celle de Parisville, à l’ouest de la MRC, ont pris de l’importance aussi pour le commerce et le transport du lait et des animaux, surtout vers les années 1940 alors que se développaient plusieurs coopératives agricoles.
Vidéos
Le marché à Québec
L’époque des beurreries
Rangs et paroisses : vie agricole
En quelques endroits où le fleuve était facile d’accès, par exemple dans les “fonds” de St-Antoine-de-Tilly, la pêche était une des activités économiques pratiquées. L’anguille, entre autres, était très prisée pour le commerce vers l’Europe.
Vidéo
La pêche commerciale
LES CHANTIERS FORESTIERS
Que ce soit par obligation financière ou seigneuriale, de nombreux hommes ont œuvré dans les chantiers forestiers des seigneuries ou d’ailleurs. Les conditions de vie des agriculteurs et leurs fils ne permettaient pas d’être arrêtés durant tout l’hiver.
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Travailler au chantier forestier en vidéos
Travailler au chantier
Chantiers de la Seigneurie Beaurivage
Les villages : pôle de services
Au village, on retrouvait les services essentiels. En général, on retrouvait entre autres la gare, quelques commerces et petites industries. L’église occupait aussi une place centrale.
M. Tardif, natif de St-Patrice-de-Beaurivage, nous parle de ce qu’on y retrouvait dans les années 1930. Pour ce qui est de la poste, le courrier en milieu rural était livré directement chez les gens. Dans le secteur de Saint-Patrice-de-Beaurivage, le postier devait aller chercher la poste à la gare de Scott avant de commencer sa tournée. À Val-Alain, elle arrivait à la gare du village, alors qu’à Lotbinière, elle arrivait par bateau de la rive nord du fleuve. Dans les rangs, la poste était distribuée directement aux maisons. Mme Auclair de Val-Alain a fait ce travail avec son père, qui s’est tourné vers ce métier plutôt que de cultiver la terre.
Les services au village en vidéos
Le village de St-Patrice
Le transport de la poste
S’installer pour cultiver
Magasins et épiceries
Au début du 20e siècle, le magasin général est le commerce le plus courant. On y trouvait de tout, des aliments aux vêtements en passant par les outils. Un magasin à grande surface, finalement, mais à échelle réduite. On pouvait en trouver trois ou quatre dans un village. Quelques uns ont eu des pompes à essences ou un restaurant. M. Guérard a été commerçant à partir de 14 ans et a tenu un magasin à Issoudun.
La famille Montminy a tenu quant à elle un magasin général durant 107 ans à St-Gilles. Son père a aussi effectué le service du corbillard pendant quelques années, avant l’établissement des maisons funéraires. Plusieurs magasins, dont celui des Montminy, ont offert aussi un service de livraison. Le père de Mme Évangéline Montminy a eu, en plus du magasin général, de la banque provinciale et du bureau de poste, la tâche de conduire le corbillard.
Au magasin général, on se laissait servir: les tablettes étaient derrière le comptoir. En 1954, M. Tardif a ouvert à Ste-Croix une épicerie telle qu’on les connaît aujourd’hui, avec “Service soi-même”. Comme c’était une nouvelle façon de faire dans les magasins, les gens ont du s’habituer à faire le tour des tablettes.
Les magasins et épiceries en vidéos
Le magasin général Guérard
Le corbillard
Le magasin Montminy
Services agricoles
Avec les chantiers forestiers dans les environs, plusieurs moulins à scie ont employé un grand nombre d’ouvriers. À Leclercville, le moulin seigneurial était l’un des employeurs importants jusque dans les années 1930. La fermeture du moulin, au moment de la crise économique, a été difficile pour le village. Plusieurs familles ont alors quitté pour la ville, ou alors pour les rangs et se sont tournés vers l’agriculture.
Vers les années 1940, les coopératives agricoles ont commencé à être créées dans plusieurs secteurs. À Sainte-Croix et à Saint-Narcisse-de-Beaurivage, entre autres, plusieurs services ont été offerts selon le modèle coopératif, tels que le mirage des oeufs, des beurreries et le transport des animaux vers la gare, d’où ils partaient pour les abattoirs. M. Dion, un cultivateur de Saint-Narcisse-de-Beaurivage, parle du temps des beurreries. Il a également travaillé pour le transport des animaux pour la coopérative de Saint-Narcisse-de-Beaurivage. Le curé Couture à Sainte-Croix a contribué à mettre sur pied plusieurs coopératives.
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Les services agricoles en vidéo
La coopérative agricole de Saint-Narcisse
Sur la seigneurie
Le régime seigneurial a structuré la répartition des terres jusqu’en 1854.
Après son abolition, et même durant les premières décennies du 20e siècle, l’influence des familles seigneuriales a continué à se faire sentir. La famille Ross, dans l’ancienne seigneurie de Beaurivage, le seigneur Dionne à Saint-Antoine et M. Joly de Lotbinière dans l’ancienne seigneurie du même nom ont longtemps été des employeurs importants.
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Le moulin à scie seigneurial à Leclercville, qui appartenait aux Joly de Lotbinière, a été un élément important du développement économique jusque dans les années 1930. À partir des années 1880, cette industrie avait connu un développement important.
La famille du seigneur, qui était installée au manoir de la Pointe-Platon, avait aussi plusieurs employés à son service: le meunier du moulin à farine, le responsable de la ferme, et le jardinier, entre autres. Les soeurs Carmelle, Rolande et Cécile Marchand ont travaillé durant 3 ans au service de la famille du seigneur, alors que leur père a occupé plusieurs fonctions.